الإثنين , يونيو 16 2025

Union maghrébine : Peut-on ‘doit-on’ continuer à y croire

Réunion du conseil des ministres des Affaires Etrangères de l'Union du Maghreb  Arabe (UMA) | Maroc.ma

Partie 1

Il est des causes qui, au-delà des conjonctures de crise inédite, continuent à vous inciter à y croire et à y s’accrocher. Car, de fait, ces causes-là ont tendance à faire corps, durant de longues périodes, avec l’ADN-même des constructions de l’Histoire des peuples et des nations. Le projet d’une institution « Maghreb Uni / Union Maghrébine » est de ces engagements tenaces. Ce rêve supra-générationnel alterne dans notre conscience collective, depuis nos indépendances, tantôt sagesse et espérance, tantôt dépit et effarement.

L’état actuel des relations intermaghrébines semble nous conduire vers la seconde alternative. Les épris de l’intégration du Maghreb, eux, persisteront, tout de même, à nourrir espoir unioniste et esprit constructif sur les cendres éprouvantes des chauvinismes les plus étriqués.

« La multitude qui ne se réduit pas à l’unité est confusion; l’unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie. » PASCAL, « Pensées », 1670, Paris.

L’intégration de la région maghrébine : une rupture urgente à opérer.

Nous ne cessons de rappeler, encore et toujours, au cours des différentes analyses relatives à notre sujet, les défis multiples et colossaux que doivent individuellement relever les États maghrébins. La désunion et l’animosité entretenues ont rendu ces difficultés encore plus insurmontables et les pays plus fragiles face aux crises respectives qu’a récemment connues notre région et notre globe entier.

Les États maghrébins doivent considérer les conflits et les crises comme des opportunités potentiellement salutaires. Cette inflexion peut nous contraindre collectivement à faire preuve de créativité et à proposer des pistes inexplorées vers la résolution définitive des différends ; et s’acheminer ainsi vers une coopération effective et efficiente tous azimuts. Cette vision ne peut être réalisée que dans un cadre et un climat durables et institutionnellement maghrébins.

De notre histoire la plus immédiate, prenons deux exemples de crise, proches dans le temps et riches en enseignements : les soulèvements de 2011 et la crise du covid19.

En 2011, les peuples maghrébins ont exprimé des attentes lourdes au niveau économique et social en insistant sur une meilleure gestion de la chose publique et commune. Nos peuples ont alors mis le doigt sur les maux qui ont sans cesse rongé nos institutions ; et ont poussé les revendications à des niveaux inédits. Ils ont également mis en exergue les richesses dont dispose le Maghreb, en tant qu’entité géographique continue, et les déficits en justice sociale et spatiale supportés par nos populations.

Nous, observateurs et engagés du Maghreb, proclamions et ressentions à l’époque, et encore de nos jours, la nécessité de transformer ces atouts nationaux complémentaires en un construit institutionnel et civilisationnel.

Ainsi, les citoyens du Maghreb ont légitimement vu un espoir dans les réformes promises qui n’ont pas pu répondre proportionnellement aux revendications tant criées. Les pouvoirs n’ont hélas pas pu prendre la juste mesure de ces soulèvements. Nous ne connaissons malheureusement que trop bien le sort actuel de la révolution du jasmin tunisien. La réalité inextricable libyenne n’a guère cessé, elle, de poser de réelles complications pour la stabilité de toute la région.

Tout cela pour affirmer haut et fort qu’aucun paradigme de gouvernance ne peut pallier les dysfonctionnements sociaux, économiques, environnementaux et politiques des cinq pays maghrébins en misant uniquement sur un modèle État-nation avec ses moyens limités. Toutes les analyses sérieuses, objectives et pragmatiques, ante et post soulèvements de 2011 et crise covid19, s’orientent vers l’urgence d’une intégration économique et, in fine, politique de cet important bloc méditerrano-africain qu’est le Maghreb.

À l’heure de la consolidation des alliances géostratégiques en Europe, en Amérique, en Asie et même en Afrique, et dans un contexte de guerre « Russie vs Otan » qui a rebattu inéluctablement toutes les cartes géopolitiques résultant du 20e siècle, le Maghreb reste, hélas, la sous-région dont l’intégration est la plus faible du Globe. Avec les tournures actuelles, nous sommes presque face à une absence totale de coopération voire de dialogue, encore moins d’intégration. Notre région contient l’unique frontière terrestre fermée entre deux pays voisins. Nous trainons, à ce titre, un des conflits les plus désuets de la période guerre froide entre l’Algérie et le Maroc (Sahara).

Est-ce pour autant cause perdue ? Le projet de l’Union Maghrébine démocratique et intégrée survivra, nous l’espérons, à tous les pessimismes volontairement entretenus et/ou inconsciemment subis. Les arguments soutenant cette volonté sont multiples. L’intégration économique et ses bienfaits étant le plus papable parmi eux.

Déficits socio-économiques du Maghreb : l’intégration comme un des derniers remparts.

Selon des études régulières d’organisations mondiales (FMI, Banque Mondiale), l’observation la plus récurrente est le poids économique marginal des cinq pays du Maghreb, dans l’économie du monde. Même si un pays tel que le Maroc a pu accomplir des progrès substantiels sur le front des échanges, la région dans son ensemble reste l’une des moins intégrées de notre planète.

Avec une population totale de 106 millions d’habitants, le PIB maghrébin global n’a pas dépassé les 365 milliards de dollars en 2022. (En 2012, le PIB du Maghreb avoisinait les 420 M$ et la population 80 millions ha). Et faute d’intégration économique et commerciale, le Maghreb perd également entre 2 et 3% de croissance.

L’on constate, à cet égard, que la réalité géopolitique et des considérations nationales font que les politiques économiques prêtent trop peu d’attention aux échanges intermaghrébins et à la Région en tant qu’espace économique potentiel. Il est difficile par conséquent de voir une politique économique coordonnée dans un tel contexte de désunion politique.

Ainsi, les restrictions aux échanges et aux mouvements de capitaux bloquent l’intégration régionale pour le secteur privé. Ce qui rend les échanges intermaghrébins dérisoires, comparés aux autres blocs commerciaux régionaux du monde, représentant moins de 4% des échanges extérieurs respectifs.

Si les contextes de crise, précédemment avancés, ont fait évolué les paradigmes économiques au point de faire ressortir la souveraineté industrielle comme levier incontournable, une plus grande intégration entre les pays du Maghreb se justifie grandement sur le plan économique. Cette intégration peut parfaitement être conçue sans pour autant faire effondrer les souverainetés des cinq pays.

Cela renforcerait aussi la résilience du Maghreb face aux aléas des marchés et aux chocs externes. Plusieurs projections attestent que l’intégration régionale pourrait, à long terme, contribuer à augmenter la croissance, dans chacun des pays du Maghreb, de 1% en moyenne.

Et pour mesurer le retard que nous accusons en termes de poids dans l’économie mondiale, il suffit de constater que même si les cinq pays du Maghreb décidaient aujourd’hui de réaliser l’intégration rêvée, on pourrait voir le PIB maghrébin multiplié, dans 5 ans, par trois, ce qui l’amènerait seulement au niveau actuel de la Corée du Sud.

A cet effet, les États du Maghreb ont grand intérêt à faire preuve d’intelligence historique en aplatissant incessamment leurs différends dans une approche horizontale de partenariat, de coopération et de complémentarité. Les projets « intégrateurs » sont d’ores et déjà identifiés par les 5 pays du Maghreb eux-mêmes : énergies, infrastructures et communications, environnement et eau, convergence réglementaire économique et commerciale. Il suffit de revenir aux documents des différentes instances de la défunte UMA dont la dissection mériterait, à elle seule, une tribune entière.

Une levée progressive des obstacles aux échanges intrarégionaux, ainsi que la construction d’infrastructures régionales stimuleraient les échanges au sein du Maghreb et permettrait d’intégrer davantage les chaînes de valeur mondiales. Encore faut-il rouvrir toutes les frontières actuellement maintenues.

Cette plus grande ouverture régionale devrait soutenir les cinq pays du Maghreb pour accélérer la transition de la coopération vers l’intégration. Les Etats maghrébins doivent ainsi fixer des objectifs d’action « communs » autour d’axes vitaux : un nouvel accord d’intégration régionale, l’ouverture du modèle économique national, le renforcement des échanges commerciaux intrarégionaux, la croissance inclusive, et la création de l’emploi.

Ainsi, l’intégration entre les économies des cinq pays du Maghreb créerait un marché régional de près de 106 millions (ha) disposant d’un revenu moyen d’environ 4.000 dollars par habitant en termes nominaux et d’environ 12.000 dollars en parité de pouvoir d’achat.

Cela rendrait la région plus captivante pour l’investissement direct étranger, réduirait les coûts des échanges intra-régionaux et des mouvements de capitaux et de main-d’œuvre, et améliorerait l’efficience de la répartition des ressources. L’évolution économique reste certes principalement tributaire de politiques nationales vigoureuses, mais l’intégration pourrait entraîner un doublement des échanges intrarégionaux qui soutiendrait encore plus la croissance et augmenterait considérablement l’emploi.

Enfin, les leçons tirées des crises récentes ont conforté tous les engagés pour la cause de l’intégration du Maghreb dans leurs convictions. Le temps où les gouvernements maghrébins se bousculaient aux portes de l’Europe pour négocier les partenariats, au détriment du voisin proche, doit laisser place à une feuille de route volontariste pour la construction irrévocable d’une économie maghrébine forte par son intégration.

Ce que la mal-décolonisation a pu endommager il y a 60 ans, l’économie intégrée peut le reconstruire. L’intérêt des peuples du Maghreb doit primer sur toute autre considération. Il est plus que temps de s’y atteler.

A suivre…

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