الخميس , أبريل 17 2025

Présidentielle en Mauritanie

Sorti victorieux du triple scrutin de mai, le chef de l’État a les yeux rivés sur la présidentielle de 2024. Aucun adversaire ne semble en mesure de lui faire de l’ombre. Pour le moment…

Nul ne sait vraiment si Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani avait une appétence pour le pouvoir avant qu’il s’installe dans le palais présidentiel, en juin 2019. Mais, selon ses proches, le chef de l’État y a pris goût. D’ailleurs, bien qu’il ne l’ait pas encore officialisée, sa décision de solliciter un second mandat en 2024 est prise depuis longtemps déjà. Et il a devant lui un boulevard : aucun adversaire n’étant, à ce jour, susceptible de lui barrer la route.

Un candidat surprise ?
Lors des élections législatives, municipales et régionales de mai, l’opposition traditionnelle s’est effondrée et Biram Dah Abeid, arrivé deuxième à la présidentielle de 2019, n’a pas été autant plébiscité que prévu. Il a en effet été concurrencé au sein de son électorat par le Front républicain pour l’unité et la démocratie (Frud), qui rassemble beaucoup de transfuges des partis historiques. La formation au pouvoir, El Insaf, a quant à elle remporté 107 sièges de députés sur 176, l’ensemble des 13 conseils régionaux, et 165 communes sur 238.

En coulisses, certains s’activent pour trouver un homme au profil semblable à celui de Ghazouani, issu d’une tribu maraboutique et adoubé par les grandes familles, qui pourrait le contraindre à un second tour. Ahmed Ould Haroun Ould Cheikh Sidya, ancien conseiller du ministre de la Justice, se préparerait actuellement.

Sauf que Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani n’a pas tellement eu le temps de savourer sa victoire. Le consensus avec son opposition a aussitôt volé en éclats, après que celle-ci a dénoncé des fraudes massives et demandé l’annulation des scrutins. L’ancien chef d’état-major des armées a dû faire face, pour la première fois, à des critiques venant de personnalités qui l’avaient jusqu’ici toujours épargné. Alors qu’El Insaf domine le jeu politique, un candidat surprise, comme l’ancien Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar en 2019, peut-il sortir du bois ?

« Président bis »
Dans cette dernière ligne droite, on s’attendait à ce que Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani bouleverse les rangs, jugés parfois un peu trop sages, du gouvernement. En apparence, il n’en a rien été. Le 3 juillet, il a reconduit pour la deuxième fois son Premier ministre Mohamed Ould Bilal Messoud, et les piliers ont été maintenus. Mais il a tout de même, entre autres, limogé Ousmane Mamadou Kane (Économie), proche de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, qu’il a remplacé par celui qui détenait jusqu’ici le portefeuille du Pétrole, Abdessalam Ould Mohamed Saleh. Près d’un tiers des ministres ont donc changé. « Cela s’est fait sans bruit, le président n’a pas fait de révolution, mais il y a eu de vrais bouleversements », assure un proche de ce dernier.

Une nomination a toutefois eu un fort écho : celle de Moctar Ould Diay, en tant que directeur de cabinet du chef de l’État et avec rang de ministre – une première depuis l’époque de l’ancien président Maaouiya Ould Taya. Cette fonction est d’une importance cruciale en Mauritanie, si bien que l’on a coutume de surnommer son titulaire, dont le bureau est situé juste en face du président, au deuxième étage du palais, le « président bis. »

Moctar Ould Diay fut le ministre de l’Économie et des Finances de Mohamed Ould Abdelaziz, l’ex-président actuellement jugé pour, entre autres, corruption, blanchiment d’argent et enrichissement illicite. Cela a déclenché une polémique, puisque lui-même avait été cité dans le « dossier de la décennie », avant d’être relaxé. Faut-il y voir un message ? « Pas du tout, que ce soit vis-à-vis de l’ex-chef de l’État ou du procès, tranche ce même proche. L’actuel président et Moctar Ould Diay ont une relation ancienne et forte, sans compter que ce dernier fut un très bon stratège lors des élections de mai, et il le sera donc très certainement lors du scrutin de 2024. »

Affaire Aziz… et Karim Wade
Le procès de Mohamed Ould Abdelaziz et de dix de ses anciens collaborateurs, qui s’est ouvert le 25 janvier, se poursuit loin des caméras. Il pourrait durer plus longtemps que celui de Karim Wade (pour enrichissement illicite au Sénégal), qui avait duré un peu moins de huit mois. Les deux affaires présentent des similitudes, les prévenus étant tenus de justifier l’origine du patrimoine qui leur est attribué, ce qui constitue pour leur défense et nombre de juristes, une inversion de la charge de la preuve.

En février dernier, les avocats d’« Aziz » ont saisi le Conseil constitutionnel à ce sujet, mais ils n’ont pas obtenu gain de cause. « La loi est très claire sur la question, plaide Brahim Ould Ebety, ancien bâtonnier et chef du pôle des avocats de l’État. Il revient à tout haut fonctionnaire élu de justifier l’origine de sa fortune. »

Selon ses proches, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani ne commente pas ce dossier judiciaire, qui a empoisonné une bonne partie de son premier mandat et dont l’issue est encore incertaine. À l’étranger, ses homologues s’en soucient d’ailleurs peu, ce qui lui évite une pression supplémentaire.

Circuits officiels
D’ailleurs, sur la scène diplomatique, il apparaît aux yeux de ses alliés comme un partenaire stratégique important, mais parfois difficile à cerner. Selon nos informations, il avait été sollicité par Abidjan pour mener une médiation avec Assimi Goïta dans l’épineuse affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés à Bamako en juillet 2022 et accusés par la junte d’être des mercenaires. Mais le président mauritanien a préféré décliner cette proposition, préférant les circuits officiels à la diplomatie parallèle.

Quant à ses relations avec Moscou, s’il a accepté d’accueillir le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, à Nouakchott, en février et de participer au sommet Russie-Afrique, il est catégoriquement opposé à la venue du groupe paramilitaire Wagner dans son pays. Sans compter que le G5 Sahel, qu’il préside actuellement, a signé un accord avec l’Otan en juin.

C’est d’ailleurs sur le plan de la coopération sécuritaire sous-régionale, son sujet de prédilection, que le général s’est le plus affirmé. Le 10 juillet, il a publiquement plaidé en faveur d’un retour d’Assimi Goïta au sein du G5 Sahel. C’est donc loin d’être un hasard si, le 11 juillet, il a nommé Cheikhna Ould Nenni ambassadeur à Bamako. Cet ancien délégué permanent à l’Unesco, très bon connaisseur de la région, est surtout son beau-frère. Son activisme sera important dans ce qui pourrait être une victoire diplomatique de la Mauritanie.

Tebboune et « MBZ »
Par ailleurs, si les lignes n’ont pas semblé bougé vis-à-vis de Rabat et d’Alger, avec qui Ghazouani demeure neutre, un léger réchauffement s’est produit avec Abdelmadjid Tebboune, qui a ouvert une ligne maritime entre les deux capitales en 2022. Quatre banques publiques algériennes ont également obtenu, en juin dernier, leur agrément pour s’implanter à Nouakchott. Enfin, le président mauritanien veille à maintenir de bonnes relations avec l’Émirati Mohammed Ben Zayed (MBZ), qui, selon nos informations, se rendra bientôt en visite officielle dans le pays.

Un dossier crucial pour la Mauritanie intéresse tout particulièrement les investisseurs étrangers : l’immense champ gazier de Grand-Tortue Ahmeyim (GTA), partagé pour moitié avec le Sénégal. Les prestataires de BP et Kosmos Energy accusant des retards dans la réalisation des infrastructures, l’entrée en exploitation est de nouveau reportée à l’année prochaine, précisément à septembre 2024, nous assure-t-on dans l’entourage du président.

Si Macky Sall a largement communiqué sur les futures (et très importantes) retombées économiques pour son pays, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani est resté plus discret. Il faut dire que le coup d’État qui avait mis fin, en 2005, au règne de Maaouiya Ould Taya, était advenu après une période d’euphorie suscitée par les promesses nées du développement du champ pétrolier de Chinguetti… Le président mise donc sur la prudence, lui qui aspire, comme le lui permet la Constitution, à passer encore quelques années au pouvoir.

Source : Rédaction + Jeune Afrique

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